Galeristes
Ils sont Galeristes
Informations
La galerie est ouverte
sur rendez-vous
Portrait par Daniel Bernard
Le fil de l’histoire du fiber art s’est rompu en France, quelque part dans les années 1980, a observé Eva Taieb qu’elle travaillait dans le milieu de la mode. Le renouer, la fondatrice de la Fibery s’y attache, depuis 2018. Sans perdre son énergie à tricoter un business plan, elle a tissé ses premiers liens. Avec des artistes, désireux de sortir des cases «artisanat» et «ouvrage de dame». Avec des collectionneurs aussi, qui partageaient son intérêt pour le textile, sous toutes ses formes. «J’ai trouvé une cause à défendre qui fait sens dans mon parcours de vie!», jure-t-elle, après avoir ajusté son modèle.
Après quelques mois dans un espace trop petit pour donner libre cours à ses envies de montrer des oeuvres, aux abords de la place de la République, Eva Taieb a pris le pli de partir au-devant de ses clients. Dans des lieux atypiques, dans des grands hôtels aussi, partout où des yeux peuvent se laisser surprendre. La fibre commerciale, elle l’a en elle. Afficher ses prix, pour activer la vente en ligne, ne la gêne pas. «J’ai quitté l’univers de la mode parce que la course à la profusion a progressivement déshumanisé le processus créatif. Je retrouve dans l’oeuvre d’art le caractère unique de la création et la lenteur qui l’accompagne!», assure-t-elle avec juste ce qu’il faut de candeur, proposant visite d’atelier et présentation à domicile.
À la Fibery, le travail de décloisonnement de l’art textile se fait au petit point. Avis aux collectionneurs de Louise Bourgeois, Sheila Hicks, Annette Messager: Eva Taieb n’est pas dans la redite. Montrer des organes génitaux ou des coeurs, ces artistes l’ont déjà fait et bien fait. Les artistes que représente Eva Taieb n’utilisent pas le textile comme allégorie de la condition féminine, mais pour traiter écologie, mémoire, transmission… Ainsi de Clarence Guena, jeune plasticien né en 1987, qui superpose des canevas chinés, les recouvre partiellement de résine avant de les attaquer à la fraiseuse, revisitant l’histoire de la peinture. Photographies, dessins, sculptures, peintures, installations: aux confins de la broderie et du tissage, les oeuvres qu’Eva Taieb propose sont sensuelles et organiques, toujours poétiques.
La fille de couturière, avec cette fraîcheur d’autodidacte, part aussi à l’assaut des institutions, telles que la Manufacture de Roubaix, le musée Jean-Lurçat de la tapisserie contemporaine à Angers, le musée des Tissus de Lyon et, à Cholet, le musée du Textile et de la Mode. Ou encore à la Fondation Villa Datris, intéressée par une pièce évoquant le recyclage avant d’apprendre que l’artiste avait utilisé un fil distribué par… Raja. Portrait réalisé dans le cadre de Galeristes 2020
Expositions
Artistes
Lili Bel
Cynthia Bridé
Xavier Brisoux
Françoise Giannesini
Frédérique Gourdon
Andie Grande
Guacolda
Clarence Guéna

Clarence Guéna
Sans titre
Canevas chinés, résine, gravure manuelle sur bois
69 × 42 × 5 cm
Solange Jungers
Esther Michaud
N'guyen Van Tham
Laurent Nicolas
Annita Romano
Sabatina Leccia & Alix Waline
Marta Santos
Aurore Thibout