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La galerie est ouverte
le mardi de 14h à 19h, et du
mercredi au samedi, de 11h à 19h
Portrait par Daniel Bernard

Si un auteur téméraire osait élever la comptabilité au rang des beaux-arts, pour dévoiler la dimension empathique de l’arithmétique commerciale, il pourrait se tourner vers Pierre-Yves Caër. Après vingt années d’expertise au sein d’une des firmes redoutées de l’audit, l’homme de chiffres -et de l’avoir- est devenu homme de l’être. «Pour analyser l’activité d’une entreprise, il faut en comprendre la culture», explique l’ancien commissaire aux comptes. «Et lorsque cette entreprise est à l’étranger, il faut non seulement en comprendre la culture mais aussi celle du pays où elle opère». Désormais en bras de chemise, Pierre-Yves Caër reçoit sur une petite chaise pliante, au milieu d’une galerie d’art tournée vers le Japon.
C’est à Tokyo en effet qu’a bifurqué la jolie carrière de l’associé d'audit. Déjà collectionneur d’art contemporain, il décide de profiter d’une longue mission auprès des entreprises françaises au Japon pour découvrir la scène de l’art contemporain nippon. Excellence dans la maîtrise des techniques ancestrales, au service de l’innovation: pour l’homme en quête de sa propre trajectoire, l’équation est idéale...
En prenant le temps d’approfondir sa quête, Pierre-Yves Caër a pu éviter les deux pièges nippons: l’archaïsme intemporel et la culture pop à vocation universelle. «Dans les écoles d’art, au Japon, les étudiants sont invités à pratiquer les métiers d’art», observe-t-il. À Kanazawa, par exemple, il a rencontré Yuki Nara, fils du onzième grand maître de la céramique de cette ville d'art, qui héritera de ce titre à condition de démontrer qu’il en est digne. «Sorti major de l’université d’architecture de Tokyo, il conçoit le design de ses pièces en porcelaine sur un logiciel de modélisation architecturale, puis les réalise de façon tout à fait traditionnelle dans le four de l’atelier familial. C’est impressionnant!», s’exclame le garçon rangé, bondissant vers le fond de sa galerie pour y dénicher un catalogue d’exposition qu’il vous met sous le nez. Ailleurs, ici, hier, demain: ces quatre mots s’imposent rapidement dans l’esprit de l’amateur comme la ligne éditoriale d’une future galerie. Quant au business model, l’auditeur le formule illico: «Au Japon, il y a beaucoup de bons artistes, mais leur marché est étroit car les collectionneurs japonais privilégient les grands noms. Quant aux galeries japonaises, elles délaissent globalement l’Europe, car elles se concentrent sur la clientèle qui vit en Asie et en Amérique du Nord». De retour à Paris, Pierre-Yves Caër se décide à faire connaître, ici, les artistes qui ne sont pas prophètes en leur pays.
Dès son premier vernissage, l’intuition est validée: le président du Centre Pompidou et le parrain des collectionneurs, Serge Lasvignes et Gilles Fuchs, font l’amitié de leur présence. Autour de ces bonnes fées que certaines galeries espèrent et attendent pendant des années, Pierre-Yves Caër a su aimanter d’ anciens collègues et clients, déjà collectionneurs ou enclins à le devenir. Reste à fidéliser ce beau monde, en sélectionnant des talents déjà reconnus ailleurs mais ignorés en Occident, pour proposer des oeuvres qui touchent sans intimider. «Cela prend du temps, mais j’ai aussi appris de mon ancienne vie que je devrais, dans la seconde, désapprendre l’impatience». Portrait réalisé dans le cadre de Galeristes 2020
Expositions
Artistes
Sei Arimori
Olivier Aubry
Jacques Bosser
Bishin Jumonji
Kohei Kanno
Aya Kawato
Maiko Kobayashi

Maiko Kobayashi
Dance, 2019
Acrylique sur papier washi japonais monté sur panneau de bois
60,5 × 50 cm
Akira Kugimachi
Naoko Majima
Hiroyuki Nakajima
Joji Nakamura
Shinya Nakazato
Yuki Nara
Yuki Onodera
Manuela Paul-Cavallier
Andoche Praudel
Ryudai Takano
Akihito Takuma
Louie Talents
Chisato Tanaka
Mark Vassallo
Ryoichi Yamazaki